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Aventures au pays du canard laqué.

Lundi 26 août 2013 à 18:25

Notre exploration de Pékin se poursuit et les impressions se succèdent.

Arpenter la ville et découvrir des sites touristiques bondés permet de réaliser vraiment la démesure de tout ce qui concerne la Chine.

On le sait, la Chine c'est 1,340 milliards d'habitants (en 2011), 9,6km² de superficie, un PIB pendant longtemps à 2 digits. Pékin regroupe quant à elle plus de 20 millions sur une superficie de 16,800 km². Ce ne sont donc pas les chiffres exorbitants qui manquent pour qualifier le pays. Pourtant nous n'étions absolument pas préparées à la démesure qui caractérise un certain nombre d'installations en Chine. La Cité interdite, le Palais d’Été, le parc Beihai en sont des exemples phares. En pleine ville, des lacs et des paysages artificiels s'étendent à perte de vue. Le Palais d'Eté par exemple est constitué de la Colline de la Longévité, cette dernière ayant été modelée à partir de la terre dégagée pour creuser le lac Kunming qui borde la colline. Il est tout simplement immense : 290 ha, 3000 édifices, 420 000 arbres.
De même, les mesures associées à la Cité interdite donnent le tournis : quasi 1km de long, 750m de large, plus de 9000 pièces, un concentré de bâtiments magnifiques... De quoi se sentir plus insignifiant que le ver de terre qui rampe à nos pieds (photo ci-dessous).


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Le parc Beihai (photo gauche), qui a été rattaché à la Cité interdite avant d'être monopolisé par le Parti communiste et la femme de Mao Zedong (elle en a fait son jardin privé, oui oui, elle voulait un grand jardin), fait plus d'1 km de longueur et dispose également d'un lac qui s'étend à perte de vue... Imaginez un peu être entouré de buildings, passer une porte immense et vous retrouver soudain face à un lac dont vous ne voyez pas le bout : impression de passer dans un autre monde. On en prend plein les yeux (et plein les jambes, parce que oui, la conscience des distances vient quand on les parcourt à pieds – pas étonnant que les visiteurs tombent à genoux devant l'Empereur quand ils ont des km dans les pattes!) et l'immensité des sites y participe autant que la magnificence des lieux. La transition à la modernité s'est déroulée sans problème, puisque le Théâtre National (photo droite) aussi appelé Opéra de Pékin, ovni futuriste dessiné par l'architecte français Paul Andreu, a lui-même une carapace de 150 000 m² et une contenance supérieure à 4 500 places. Et devinez quoi ? Il est entouré d'un lac artificiel. On commence à les connaître ces Chinois.

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Il est hilarant de constater que cette « absence de limites » se retrouve parfois au niveau du discours des Chinois. Il nous est ainsi arrivé d'entendre notre audioguide français expliquer sans broncher que la Chine des Ming était la civilisation la plus puissante du monde, interpréter sans ciller les caprices de l'impératrice Cixi comme une manifestation de la puissance de sa dynastie ou encore de nous informer que telle œuvre « mérit[ait] une photo », parce que nulle par ailleurs on ne trouverait la même. Juste pour info, l'impératrice douairière Cixi a été la dernière impératrice à régner sur l'Empire chinois.

Elle a mis son neveu, Guangxu sur le trône à 3 ans pour pouvoir tirer les ficelles de l'Empire (photo de gauche) puis quand il a commencé à empiéter sur ses plate-bandes, elle l'a gentiment « assigné à résidence » dans un des nombreux pavillons du Palais d'Eté avant de lui faire offrir un yaourt au cyanure. Sinon, elle a aussi rénové le Palais d'Eté pour son agrément grâce à des fonds dédiés à la Marine de guerre, s'est offert un bateau immobile sur la berge, construit complètement en marbre, sur lequel elle recevait ses invités, et a demandé la construction d'un théâtre d'une taille tout à fait raisonnable (photo de droite) dans le Palais d'Eté pour pouvoir regarder des pièces à toutes heures.


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Bref, difficile de croire que Cixi s'est offert tout ça dans un but politique. Moralité : beware of audioguides *! Et attention aux velléités d'immensité.


* « Attention, audioguides méchants ! »

Vendredi 23 août 2013 à 18:56

Le 23 août, 19 heures 08, Pékin, de Qianmen Hostel.

 

Le silence qui règne dans la chambre que notre hôte nous a finalement attribuée (on a gagné un colocataire néozélandais au change) nous change agréablement du poste qui débite bruyamment des informations incompréhensibles dans la salle TV. (La présence d'un lit fait plaisir, aussi). Il est seulement 19heures et la vie continue au delà des murs de la chambre, dans un bruit diffus de klaxons, de moteurs et de cris d'enfants.

Arpenter les rues de Pékin s'avère être une découverte de tous les instants et un émerveillement constant, même pour quelqu'un qui y est déjà venu. Au cœur d'un même quartier, des bijoux de la civilisation chinoise tels que la Cité interdite côtoient les boui-boui miteux, les vendeurs de rue ou les magasins aux enseignes criardes. Modernité et tradition, majesté et pauvreté, se mêlent d'une manière toute particulière. On retrouve par exemple les façades de la Cité interdite, imposantes et majestueuses, en version miniature dans les hútòng, petites rues populaires de Pékin, surmontant des échoppes, des cliniques ou des marchés. Des Portes magnifiques – qui marquent par exemple l'entrée des Cours intérieures de la Cité interdite – se retrouvent dans les rues, signant de simples intersections. La beauté se découvre à tous les coins de trottoirs, protéiforme et étonnante.

On n'a pas assez de nos yeux pour tout voir, bien trop d'oreille pour tout entendre (les klaxons sont une véritable institution ici, un langage que tout le monde parle au delà des accents régionaux) et juste assez d'odorat pour capter les odeurs nombreuses et étranges qui se succèdent dans les rues – métal, pain (pour autant qu'on produise du pain à Pékin), viande/poisson, poubelle et autres surprises. A tous les coins de rue, une particularité architecturale ou une différence culturelle pousse à s'arrêter et à observer d'un peu plus près. C'est dépaysant, surprenant, ça pousse au questionnement. C'est tout simplement génial.

Et beau, hein, au cas où on l'aurait toujours pas compris.
BEAU.
Magnifique.

Enjoy.


 
Les hútòng:

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La Cité interdite:

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Mercredi 21 août 2013 à 23:34

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Le 22 août, 3 heures du matin, Pékin, de Qianmen Hostel.

 

Flo et moi sommes bien arrivées à Pékin, après plus de péripéties que je n'en aurais cru possible – et en fait, on est encore dans les péripéties et pour l'instant, pas de résolution à l'horizon. C'est l'air sympathiquement désolé de l'hôte qui nous a accueillies à l'auberge de jeunesse qui m'a mis la puce à l'oreille. Et son « the thing is... » quand on lui a tendu nos réservations l'a définitivement vendu.

Mais remontons dans le temps, quelques heures auparavant.

Le trajet en avion (départ de Roissy Charles de Gaulle à Paris avec escale de 6 heures à Doha) s'est déroulé sans problème, si ce n'est qu'une escale de 6heures (de 5h30 à 11h30 du matin) paraît interminable quand on n'a quasiment pas dormi dans l'avion précédent. Point positif cependant, les distances entre l'aéroport et l'avion ont obligé les voyageurs à prendre une navette pour effectuer le trajet avion-aéroport. Résultat, on a pu se déplacer dans la fournaise, contempler l'environnement sableux et désertique dans lequel Doha prospère et observer de loin l'architecture des bâtiments alentours – souvent typiquement orientale mais étonnante de modernité pour quelques autres buildings. Et le tout, sans VISA. Plutôt inespéré, donc.

Trajet Doha-Beijing sans anicroche, nous changeons nos euros en yuans à l'aéroport de Pékin et allons récupérer nos bagages. Ces mêmes bagages sont la source de nos prochains problèmes puisqu'ils ne passent tout simplement pas dans le coffre du taxi qui doit nous emmener à l'auberge. Les voitures de taxi chinoises étant toutes les mêmes, aucune chance que ça marche mieux ailleurs. C'est donc les bagages sommairement posés dans le coffre, ce dernier ouvert, que notre chauffeur décide de mettre les voiles, sous nos regards incrédules (nous dans le taxi évidemment). Résultat : Flo a passé le trajet à maintenir sa ceinture de sécurité en place, l'accroche de cette dernière étant introuvable, et j'ai passé le trajet les yeux rivés sur le coffre en pestant à chaque côte, freinage ou soubresaut. Ou comment se mettre au parfum et rapidement comprendre que pour vivre en Chine, il faut être zen.

Et nous revoilà donc à notre point de départ, l'auberge de jeunesse où notre sympathique hôte continue sur sa lancée :

« The thing is... we are awfully booked right now... so we will suggest you to take a rest on the sofa and then tomorrow we'll look for a room for you »*. Yeees... Puis-je vraiment croire que tu vas nous trouver une chambre demain alors que techniquement, j'en avais déjà une de réservée pour cette nuit ? Il a la décence de nous dispenser de payer la nuit.

Nous voilà donc pour la nuit dans la salle TV de l'auberge de jeunesse, où quelques sofas sont à disposition. Plus important, cette salle n'a pas de porte et les gens y viennent à toute heure pour profiter notamment des ordinateurs qui y sont à disposition. Actuellement un couple de Polonais discute sur le sofa d'à côté. Autrement dit, on ne dormira pas de la nuit et on restera posées là jusqu'à midi, heure à laquelle nous retrouverons notre hôte et avec un peu de chance, notre chambre.


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Et pourtant, l’excitation ne faiblit pas : nous avons foulé du pied le sol chinois, aperçu de la fenêtre du taxi la place Tian’anmen et la réalité frappe enfin : nous sommes à Pékin et la ville s’étend devant nous, à portée de main.

 


*« Le truc c'est que... Nous sommes vraiment saturé en ce moment... donc je vous suggère de vous reposer sur le sofa et demain nous chercherons une chambre pour vous ».

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